Good bye 2014…

Je ne suis pas mécontente de laisser filer 2014. Je crois que cette année a été l’année la plus riche émotionnellement de toute ma vie. Je pèse mes mots. Il y a des années très heureuses, celle de la préparation de notre mariage, celle de la naissance de notre fils. Des années plus dures, avec des décès de très proches.  Mais globalement, chaque année avait son évènement et ça s’arrêtait là.

2014 aura été une série d’épreuves, de remises en questions, de doutes, de questionnements, de découvertes. J’ai été poussée dans mes retranchements comme je ne l’ai jamais été.

Petit récapitulatif :

– février : diagnostic de la DPP. Je pose un mot sur mon mal-être, je vais pouvoir avancer. La pilule est amère, les regrets déjà là, mais je dois avancer.

– mars : je rencontre la psy. Je ne serai pas assidue mais ces deux rendez vous auront le mérite d’ouvrir les vannes du dialogue. J’en parle. A mon homme, à mes amies.

– avril : j’ouvre le blog. Et je continue à parler, à me libérer. Le début de plusieurs mois d’introspection, de réflexion. Des mois au cours desquels j’apprends à m’observer, à mieux me comprendre et surtout à mieux m’accepter.

– juillet : mon fils fête ses un an. Je réalise les mois écoulés, je suis fière de lui, fière de moi, fière du chemin parcouru. Sans arriver à oublier les regrets des premiers mois tumultueux.

– septembre : le diagnostic tombe, mes deux parents sont malades. Deux maladies bien distinctes. Mais dans les deux cas, c’est d’une brutalité inouïe. J’accuse le coup.

– novembre : je suis celle qui s’occupe de beaucoup de monde. Sauf de moi. Je finis sur les rotules. Mais j’assume. C’est la vie, je n’ai pas le choix. Ces difficultés m’ouvrent les yeux sur la nécessité absolue de profiter de la vie. Banalité certes, mais terriblement vrai dans ces moments là.

– décembre : action….réaction ! Je dessine mon tatouage, je prends rendez-vous, j’assume la montagne de boulot qui m’incombe, je ne me mets plus la pression, je fais le dos rond et j’attends des jours meilleurs tout en savourant les petits rien qui font du bien.

Good bye 2014… et surtout welcome 2015 !!

Couper le cordon à 32 ans

Ca y est, je crois, j’ai donné le coup de ciseaux salvateur ! La maladie de ma mère aura été le déclencheur de beaucoup d’émotions, beaucoup de réflexions, beaucoup de peurs mais aussi beaucoup de choses positives. J’ai parfois honte d’avoir eu besoin d’un évènement si douloureux, si négatif pour elle pour découvrir tant de choses positives sur moi.

Clairement, en deux mois, j’ai grandi, vieilli, mûri, appelons ça comme on veut, j’ai été propulsée vitesse grand V dans le monde sérieux des adultes. Moi qui cultive mon côté enfantin, il a bien fallu admettre que j’avais perdu un peu de mon innocence.

La peur immense et soudaine de perdre ma mère m’a poussé à avoir enfin un comportement d’adulte à adulte avec elle. Jusque là, je l’avais déjà évoqué ici, j’avais toujours le sentiment de rester une petite fille face à elle. Pour deux choses, d’une part son incapacité à s’abstenir de faire des remarques infantilisantes et d’autre part, mon incapacité totale à m’affranchir de ces remarques. Après tout, libre à elle de choisir ce mode de fonctionnement avec moi, mais je m’en voulais de ne pas arriver à laisser glisser tout ça sur moi.

Je crois que c’est désormais chose faite. J’ai dû m’occuper d’elle comme je pourrai m’occuper de mon fils (ou presque!) et cette situation a fait tomber tout un tas de barrières. Je n’ai plus peur. De dire mes opinions. De dire mes choix (il reste encore du chemin quand il s’agit de les défendre….). D’assumer mon caractère, ma personnalité, ce que je suis, qui je suis. Je n’ai plus peur de la décevoir. A travers l’épreuve de la maladie, j’ai compris qu’elle était humaine, ou plutôt je me le suis pris en pleine face… Humaine comme moi, avec ses qualités, ses défauts, son vécu, ses épreuves. Et qu’après tout, elle ne détenait pas la vérité absolue sur ce que je devais être et devais faire de ma vie. Ca m’a littéralement libérée. Je n’ai rien vu venir. Juste un matin, je me suis levée avec des envies et j’ai eu envie de les assumer. J’ai parlé, naturellement, les mots sont venus.

Et il n’y a même pas eu de conflits. Bien sûr, le contexte ne s’y prêtait pas. Mais quand même, j’ai savouré de pouvoir dire sans recevoir une désapprobation ferme. Il y a eu du désaccord, sûrement pas de la compréhension de sa part, mais il y a au moins eu de l’écoute, de l’ouverture.

Alors bien sûr, on ne change pas radicalement à 60 ans… Elle n’a pas non plus cherchée à comprendre, elle n’a pas fait preuve d’une tolérance sans borne. Mais ça me suffit. J’ai trouvé suffisamment d’ouverture pour avoir la place de m’épanouir. Depuis j’enchaîne les projets, les petits et gros plaisirs, je mène ma barque sans arrières pensées. Et surtout la culpabilité s’est envolée. Quel sentiment de légèreté !

Je profite de ce billet pour faire un point sur un projet qui me tient énormément à coeur. Mon premier tatouage. Les récents évènements ont bousculé le planning mais ils ont aussi fait mûrir ce projet. Rendez-vous pris pour le 26 mars prochain. J’enrage de cette si longue attente mais j’essaierai de la mettre à profit pour savourer l’accomplissement de ce projet. Et cerise sur le gâteau, j’ai mis un point d’honneur à l’informer de mon projet. Moi qui m’était résignée un temps à ne rien dire – ou plutôt qui n’avait pas trouvé le courage… Quitte à la mettre devant le fait accompli au détour d’une manche trop courte. A la faveur de ce sentiment de liberté si jouissif, je me suis jetée à l’eau. Les mains moites et la voix tremblante, faut pas déconner… Mais j’ai dit mon projet. Il y a eu désaccord, aucune volonté de comprendre pourquoi mais ma foi, encore une fois, ça me suffit.

Bien sûr, parfois, je ressens le contre-coup de tout ça. J’ai l’impression de ne pas l’intéresser. Mais à choisir, je préfère ça. Car, au moins, je me sens libre de vivre ma vie. Finalement, je détenais la solution en moi. Il aura fallu une atroce nouvelle pour que j’y parvienne. Encore un petit coup de culpabilité avant d’accéder au bonheur.

PS : je profite de ce billet difficile pour glisser le lien vers cet article. Je ne sais pas si je fais partie de ceux qui ont des parents toxiques, mais je me reconnais plutôt bien dans certaines situations. Cependant, il m’est encore difficile « d’accuser » de la sorte ma mère. J’aurai l’occasion d’en parler très bientôt.

En vrac

Cela fait un bon bout de temps que je ne suis pas venue écrire. Non pas que j’aie arrêté de me poser des questions, mais le temps me manque. La vie est venue me bousculer dans mon petit confort et me rappeler qu’on n’est jamais à l’abri de rien. J’en parlais ici, souvent, elle ne fait que nous effleurer, provoquant en nous un frisson d’horreur. Et parfois, c’est à nous que ça arrive.

Ces dernières semaines, j’ai grandi d’un coup. Je suis devenue celle qui s’occupe de ses parents. Après des années à être celle dont on s’occupe. Je me suis beaucoup préoccupée des autres et très peu de moi. C’est difficile d’inverser si soudainement les rôles.

Toujours est-il que cela a remis en question ma façon de voir les choses. Je n’ai pas basculé dans le « je me fous de tout », mais je relativise beaucoup plus. Y compris dans ma relation avec mon fils. Je vois certaines choses d’un oeil neuf. Effet pervers, j’ai tendance à devenir plus permissive et c’est souvent source de conflits avec son papa. Lui qui a si peur d’en faire un enfant capricieux. Je crois que c’est le centre de ses préoccupations en ce moment. J’ai une vision plus nuancée, j’essaie de mesurer mes interdits, j’essaie de me mettre à la place de mon fils. Ce n’est pas facile d’expliquer ma vision des choses, car cela me conduit à céder à mon fils là où son père ne le souhaite pas. Nous avons à nouveau nos marques à trouver en la matière. Avec l’expérience cette fois-ci. Je sais donc que cela se fera en bonne intelligence et non plus dans la douleur comme lors des premiers mois de vie de J.

Ces dernières semaines ont aussi été le moment où J. s’est décidé à galoper seul. Nos bras sont soulagés et nos yeux s’émerveillent de le voir grandir. Il devient petit garçon. Définitivement. Parfois j’ai envie de le ralentir. Cela me renvoie aux premiers mois douloureux, à ces moments ratés, si peu savourés. Je me surprends à lister ce que je souhaiterais faire pour un deuxième bébé. L’idée de cette seconde chance me rassure.

Bref, je suis de retour. Changée par la vie. Affaiblie mais plus forte. Avec une tonne de choses à mettre sur papier. En voyant le fouillis de ce billet, il va falloir que je mette de l’ordre dans tout ça.